L’histoire de la Russie est celle de la formation d’un vaste empire qui, du Xe au XXe siècle, s’est peu à peu étendu, à partir des plaines de l’Europe orientale aux rives du Pacifique et aux montagnes d’Asie centrale. Le mot « Russie » désigne un domaine où se sont rassemblés des peuples divers, en grosse majorité slaves orientaux (Russes, les plus nombreux, Ukrainiens, Biélorusses), qui, dans leur progression vers l’est, occupant une Sibérie presque vide d’hommes, ont européanisé la partie nord du continent asiatique et englobé, en Europe même ainsi qu’aux marges des pays conquis, quelque deux cents nationalités allogènes, d’importance relative très variée, où domine l’élément turc.
Ce fut d’abord le Grand Empire qui s’étendait sur tout le bassin du Dniepr avec Kiev pour capitale. Les princes de Kiev nouèrent des relations avec Byzance et adoptèrent la religion orthodoxe et l’alphabet grec. Au XIIe siècle, la prépondérance passa de Kiev aux cités russes du bassin de la Volga. Au XIIIe siècle, l’invasion des Mongols mit un terme à cette expansion vers l’est. L’asservissement des principautés russes à l’empire de la Horde d’Or dura jusqu’au XVe siècle. La Russie fut détachée de l’Europe pour être incorporée à l’Asie. Cet écartèlement ne cessa de peser sur son destin. Parmi les vassaux de la Horde figuraient les princes de
Moscou, ville située au carrefour de routes fluviales, d’autant plus importantes qu’elles étaient les seules praticables dans une région de vastes forêts. Comment la petite principauté de Moscou parvint-elle à fonder une nouvelle Russie ? Probablement grâce à
la politique prudente de ses princes, qui se firent les agents zélés de la domination mongole jusqu’au moment où ils se sentirent assez forts pour se retourner contre elle. Une première insurrection échoua au XIVe siècle. C’est avec Ivan III, contemporain du roi de France Louis XI, que fut libérée et unifiée la Russie, à la fin du XVe siècle, tandis qu’étaient renoués les liens avec l’Europe. Mais un long temps s’écoula avant que l’influence européenne ne devint prépondérante. C’est Pierre le Grand qui, au XVIIIe siècle, a fait de la Russie un État moderne, favorisant l’évolution de la société, développant l’économie et encourageant la naissance d’une nouvelle culture. Avec Catherine II, la Russie prend place parmi les monarchies éclairées de l’Europe. Non sans brutalité comme en témoigne son attitude lors des différents partages de la Pologne. Les troupes russes, dans leur lutte contre la Révolution française, se rendent même en Suisse, en Italie et pénètrent à Paris en 1814. Vaincu par Alexandre Ier, Napoléon prédit : « L’Europe est dans le plus grand danger, elle peut être à chaque instant inondée de Cosaques et de Tartares. »
En réalité, la Russie ne renonce pas à regarder vers l’Orient où s’effondre la domination turque et n’échappe pas, bien qu’elle ait été l’une des inspiratrices de la Sainte-Alliance, à la contagion révolutionnaire. Libéral, Alexandre II doit revenir sur ses réformes après l’insurrection polonaise de 1863 et les progrès de l’opposition. La répression est encore aggravée par Alexandre III entre 1881 et 1894. Elle ne fait que retarder une échéance qui paraît inévitable. La révolution de 1904-1905 annonce l’effondrement de
la dynastie des Romanov en 1917. La République socialiste fédérative soviétique russe sera pour plus de soixante-dix ans la plus puissante des républiques de l’Union soviétique. La Fédération de Russie, qui fait partie depuis décembre 1991 de la Communauté des États indépendants, se pose en successeur de l’U.R.S.S.