Fabrication de la Vodka

La fabrication de la vodka est une grande procĂšdure oĂč chaque Ă©tape est importante. Nous allons vous expliquer chaque Ă©tape de la production de la vodka en dĂ©tails. AprĂšs quoi vous serez en mesure de produire votre propre vodka.
La production d’alcool repose sur un principe unique : des levures transforment du sucre en alcool en dĂ©gageant du CO2 (donc, tout ce qui contient du sucre peut servir Ă  faire de l’alcool), le produit obtenu Ă©tant ensuite distillĂ© Ă  l’aide de diffĂ©rents alambics (liste ci-dessous) pour augmenter le taux d’alcool. AprĂšs quoi le distillat est filtrĂ© de diffĂ©rentes maniĂšres, la plus courante Ă©tant les filtres Ă  charbon de bois. Pour y donner du goĂ»t on peut ajouter des arĂŽmes. En France il est interdit de faire soit mĂȘme une distillation alcoolique! Mais vous pouvez faire une demande d’autorisation de distillation auprĂšs de la mairie et aprĂšs accord dĂ©clarer Ă  la douane la production.
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Le matériel nécessaire

L’alambic
L’alambic (de l’arabe al-ambic qui signifie vase Ă  distiller) est un appareil qui exploite les propriĂ©tĂ©s des diffĂ©rences de tempĂ©rature d’évaporation des matiĂšres. Ainsi pour sĂ©parer l’alcool de l’eau d’un produit fermentĂ© il suffit de savoir que l’alcool bout Ă  partir de 78°C (contre 100°C pour l’eau) et qu’il gĂšle Ă  –130°C (contre 0°C pour l’eau). De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, un alambic est un outil de conception trĂšs simple. Un premier rĂ©cipient, contient le moĂ»t (liquide Ă  distiller) lequel est chauffĂ© (bain-marie, gaz, feu de bois…). Des vapeurs d’alcools se forment, partent dans un tuyau ou elles seront refroidies afin de condenser pour enfin ĂȘtre rĂ©coltĂ©es sous forme liquides dans un rĂ©cipient.
un exemple de schéma:

Les différents alambics existants

– Alambics de chimie
Fort peu intĂ©ressant dans le cadre de la fabrication d’eau-de-vie, ils sont nĂ©anmoins utilisables. Le plus connu des alambics employĂ©s en labo est la cornue.

– Alambic traditionnel
Sous ce nom gĂ©nĂ©rique sont regroupĂ©s toute une sĂ©rie d’alambic traditionnel. Leur intĂ©rĂȘt principal rĂ©side dans le fait qu’ils permettent de conserver un grand nombre d’arĂŽmes. On les emploie donc de maniĂšre prioritaire lors de distillation d’eau-de-vie. D’une part parce qu’ils laissent passer des arĂŽmes non-dĂ©sirĂ©s mais d’autre part parce que le taux d’alcool en sortie est moins Ă©levĂ© qu’avec les autres types d’alambics.
A partir d’une cocotte minute il est possible de rĂ©aliser un alambic traditionnel, si celle-ci est munie d’une vanne de pression. Lorsque la pression monte trop dans la casserole, la vanne permet d’expulser de la vapeur, ce qui a comme consĂ©quence directe de faire baisser la pression.
Ce type d’alambic profite de ce systĂšme simple et fiable pour fonctionner. En effet, comme dans tout rĂ©cipient, les premiers liquides vaporisĂ©s seront les plus lĂ©gers. Ils seront aussi les premiers Ă  sortir de la casserole. Si on rĂ©ussit Ă  rĂ©cupĂ©rer lesdites vapeurs, rien n’empĂȘchera de les refroidir pour les liquĂ©fier et de le rĂ©cupĂ©rer. Il suffit donc d’adapter un tuyau en cuivre sur la vanne (en le soudant) et de le faconner en serpentin pour avoir un refroidisseur.
Il faut cependant faire attention Ă  ne pas trop remplir la cocotte. A la diffĂ©rence des autres alambics, celui-ci est Ă  priori hermĂ©tique et travaille donc sous pression. Un morceau de fruit se bloquant dans la vanne pourrait donc la boucher, ce qui ferait augmenter la pression et pourrait finalement faire exploser la bĂȘte.

– Alambic Ă  colonne de reflux
L’alambic Ă  colonne de reflux est un alambic traditionnel modifiĂ©. Au lieu de placer directement la tĂȘte de more et le serpentin au dessus de la cucurbite, on place une colonne. d’une hauteur variable. Les vapeurs distillĂ©es se refroidissent en montant dedans et y recondensent. Le moĂ»t doit donc s’Ă©vaporer plusieurs fois avant d’atteindre le haut de la colonne et d’arriver au refroidisseur. La puretĂ© du distillat est donc proportionnelle Ă  la hauteur de la colonne. Elle peut ĂȘtre refroidie afin d’augmenter son efficacitĂ©.
Ce principe de fonctionnement permet d’atteindre en une passe un distillat de plus de 90°.
schéma:

– Alambic Ă  colonne de fractionnement
L’alambic Ă  fractionnement est basĂ© sur l’alambic Ă  reflux. La diffĂ©rence avec le prĂ©cĂ©dent est qu’une partie du distillat est renvoyĂ©e dans la cucurbite avec le moĂ»t non-distillĂ©. GrĂące Ă  un jeu de vannes, on peut dĂ©cider la fraction qui sera redistillĂ©e. L’avantage de ce principe est qu’on peut par ce biais dĂ©cider de privilĂ©gier la puretĂ© du distillat ou l’efficacitĂ© de la distillation.
shéma:

– Amazing still
la construction de cet Ă©trange alambic est trĂšs simple et trĂšs rapide avec un budget de 50€ environ, ce qui constitue des avantages intĂ©ressants pour un premier essai. VoilĂ  un pdf qui explique comment construire cet alambic: voir ebook plus bas.
Inconvénients et avantages:
– Il est impossible de couper les tĂȘtes et queues, ce qui pose le problĂšme de l’Ă©limination du mĂ©thanol, malgrĂ© la tĂȘte et la queue,le goĂ»t est neutre , l’odeur ressemble Ă  un bon geniĂšvre et la couleur est limpide sans pour autant filtrer avec du charbon de bois actif.
– Si il y a du mĂ©thanol, le taux doit ĂȘtre trĂšs faible puisque le moĂ»t n’est chauffĂ© qu’Ă  45°.
– L’Alambic donne des rĂ©sultats trĂšs satisfaisants en terme de distillation.
– Etant donnĂ© le principe de fonctionnement, l’alambic ne fonctionnera “bien” qu’avec des moĂ»ts fortement alcoolisĂ©s. Autrement dit, si ce n’est pas de la levure turbo, il faudra sans doute oublier.
– Il fonctionne Ă  raison de +/- 2 litres en 6 jours Ă  45°de tempĂ©rature.
shéma:

IngrĂ©dients – Recettes

De maniĂšre gĂ©nĂ©rale la vodka peut ĂȘtre produite Ă  partir de tout et n’importe quoi: fruits (cerise, poire, pommes,…), lĂ©gumes (pommes de terre, betteraves, pois,…), blĂ©, amidon, orge, sarrazin, chĂątaignes, sucre, riz et mĂȘme Ă  partir du bois! Vous avez l’embarra du choix, tout en sachant que selon les matiĂšres premiĂšres, on obtient plus ou moins d’alcool et de vodka.
Voici un tableau de la sortie approximative d’alcool et de vodka (en litres) d’un kg de matiĂšres premiĂšres utilisĂ©es.

MatiĂšres premiĂšres Sortie
Alcool Vodka (40%)
Amidon 0,72 1,52
Riz 0,59 1,25
Sucre 0,51 1,10
Sarrazin 0,47 1,00
Blé 0,43 0,92
Avoine 0,36 0,90
Seigle 0,41 0,88
Millet 0,41 0,88
Pois 0,40 0,86
Orge 0,34 0,72
Pommes de Terres 0,11-0,18 0,35
Raisins 0,09-0,14 0,25
Betteraves 0,08-0,12 0,21
Poires 0,07 0,16
Pommes 0,06 0,14
Cerises 0,05 0,12
Đ–Đ”Đ»ŃƒĐŽĐž 0,25 0,56
ChĂątaignes 0,26 0,57
Préparation du moût

Il s’agit de mĂ©langer les ingrĂ©dients afin d’obtenir un liquide sucrĂ© fermentable. Certains moĂ»ts ne nĂ©cessitent pas de cuisson, comme les moĂ»ts de fruits : il suffit de broyer ou Ă©craser des fruits et d’en rĂ©cupĂ©rer le jus. D’autres moĂ»ts (alcools de grain) nĂ©cessitent un brassage, opĂ©ration qui a pour but la transformation de l’amidon contenu dans les grains en sucres fermentables.

Brassage
1. Malter le grain
Le maltage est le processus qui permet au grain de dĂ©marrer la germination de telle façon qu’il gĂ©nĂšre des enzymes (amylase) pour convertir ses stocks d’amidon non fermentable en sucre.
Les malts peuvent diffĂ©rer en fonction du grain (malt d’orge, de seigle
) du caractĂšre fumĂ© ou non, de la teneur en enzymes
 On trouve aussi dans le commerce des extraits de malt, plus simples Ă  utiliser, mais avec le cĂŽtĂ© artisanal et naturel en moins.
Tout le grain dans chaque recette ne doit pas ĂȘtre maltĂ©. Tant qu’une partie (entre 10 et 20 %) a Ă©tĂ© maltĂ©e, il devrait y avoir assez d’enzymes (amylase) pour convertir l’amidon du reste du grain.
On peut ajouter de l’amylase (voir en pharmacie ou magasins pour viticulteurs ou brasseurs amateurs) pour aider et/ou accĂ©lĂ©rer le brassage des moĂ»ts Ă  base de grain, mais cela ne servira Ă  rien dans un moĂ»t Ă  base de sucre (pas d’amidon Ă  convertir).
Processus de maltage:
Germination: Faire tremper le grain pendant 24 heures, changer l’eau, et recommencer 24 heures. Ecumer et Ă©liminer tout ce qui flotte. Essayer de garder la T° entre 17 et 30°C ; plus froid, les grains ne germeront pas.
Etaler les grains en une couche de 2 Ă  5 cm d’épaisseur sur une surface humide, et garder entre 17 et 30°C jusqu’à germination (7 Ă  10 jours). Retourner les grains chaque jour pour Ă©viter les moisissures et donner une chance de germer Ă  chaque grain. Attendre que les germes mesurent 5 mm de long.
SĂ©cher le grain: Ă©tendre une fine couche dans un courant d’air ou sĂ©cher lentement dans un four. Ne pas dĂ©passer 50°C jusqu’à sĂ©chage complet (quelques heures), puis Ă  55°C pendant 1 heure et enfin Ă  66°C pendant 1 heure encore. Si on chauffe trop fort, les enzymes seront dĂ©truites et seront inefficaces durant le brassage.
Nettoyer le grain et enlever les germes : les mettre dans un sac et frapper le sac contre une surface dure pour casser les radicelles. Secouer et agiter dans un tamis pour permettre aux saletĂ©s de tomber Ă  travers les trous. SĂ©cher le grain n’est pas toujours nĂ©cessaire, si on l’utilise tout de suite. Il faut alors tenir compte du poids du grain sec ! Peser avant de malter et noter ce poids. Notons que ce malt « vert » est plus difficile Ă  moudre.

Une autre méthode

Faire tremper le grain pendant 72 heures, en changeant l’eau toutes les 24 heures. Placer dans le rĂ©cipient un aĂ©rateur (type aquarium) pour faire des bulles Ă  travers le grain. Le niveau de l’eau doit dĂ©passer le grain d’au moins 10 cm.
AprĂšs le trempage, mettre le grain dans un seau dont le fond est percĂ© de petits trous, ce seau est lui-mĂȘme placĂ© dans un autre seau avec un fond d’eau et de nouveau un aĂ©rateur dedans. L’air produit passera Ă  travers les grains et Ă©vitera que du CO2 stagne, permettant la croissance de moisissures.
Une fois que les radicelles ont atteint la longueur du grain (et mĂȘme plus), sĂ©cher le malt (ceci doit ĂȘtre fait dans l’obscuritĂ©), idĂ©alement dans un sĂ©choir alimentaire. Le malt est sec quand son poids correspond au poids de dĂ©part du grain.
Ne pas faire de trop grosses quantités à la fois : 2,5 kg semble une quantité raisonnable.

2. Fumer le malt
Pour fumer le malt, mettre le malt Ă  moitiĂ© sĂ©chĂ© dans un fumoir pour barbecue (du commerce) et fumer le grain jusqu’à ce qu’il soit sec (en utilisant la plus faible chaleur possible). Faites un feu de tourbe (la tourbe que l’on trouve dans les magasins de jardinage, mais assurez-vous qu’elle ne contient ni pesticide ni engrais).
On peut aussi utiliser un barbecue avec couvercle (type Barb-a-cook) : Faire le feu de charbon de bois comme Ă  l’habitude, mettre sur les braises une couche de tourbe humide, placer le grain sur une grille fine au-dessus du feu et fermer le couvercle, en laissant les Ă©vents ouvert. MĂ©langer le grain toutes les 5 minutes et fumer pendant 15 Ă  45 minutes, jusqu’à ce que le grain soit complĂštement sec.

3. Moudre le grain et le malt pour exposer son centre (l’amidon) aux enzymes. On peut le faire avec un moulin Ă  cafĂ©, un robot de cuisine, un moulin spĂ©cifique, etc. Simplement broyer le grain en 3 Ă  5 morceaux, mais ne pas le rĂ©duire en poudre ou en farine.

4. Chauffer le grain moulu et le malt (ou l’amylase) Ă  62-63°C pendant 45 minutes Ă  1 heure (mĂ©langer de temps en temps), en utilisant 4,5 l d’eau par kg de grain.
Certaines mĂ©thodes impliquent de monter Ă  t°, puis la tenir pendant 2 heures dans une grosse casserole sur le feu. Il faut ĂȘtre vigilant de ne pas laisser bouillir le moĂ»t, ça peut dĂ©border ! Ca peut aussi crĂąmer dans le fond!!!

5. Pour terminer, augmenter la t° à 75-77°C. A cette t°, la viscosité du moût est favorable à une séparation rapide et complÚte, les enzymes sont inactives et toute action de bactéries est évitée.

6. On utilise de l’iodine pour tester l’amidon: quelques gouttes dans une cuillĂšre Ă  cafĂ© de moĂ»t : si ça devient bleu, il reste de l’amidon, donc, il faut continuer le brassage. Attention, l’iodine est toxique! Il faut donc jeter l’Ă©chantillon et surtout ne pas le remettre dans le brassin.

La Fermentation

A ce stade on ajoute des levures au moĂ»t ou au brassin prĂ©parĂ© lors de l’Ă©tape prĂ©cĂ©dente. Ces levures vont transformer le sucre en alcool. Cette Ă©tape peut durer de 3 jours Ă  plusieurs semaines, en fonction du moĂ»t et du type de levure. Certains brassins ne nĂ©cessitent pas d’ajout de levure, les levures sauvages prĂ©sentes dans l’air ou sur les fruits (les grains) faisant aussi l’affaire (le processus sera probablement plus lent).
Les sucres du moĂ»t, sous l’action de levures se transforment en alcool Ă©thylique (les levures sont des champignons microscopiques). Le phĂ©nomĂšne s’accompagne d’un dĂ©gagement de gaz carbonique et d’une Ă©lĂ©vation de tempĂ©rature…
ThĂ©oriquement, 10 kg de sucre produiront 6.5 L (5.1 kg) d’Ă©thanol et 4.9 kg de dioxyde de carbone. En faisant cela, de l’Ă©nergie est Ă©galement libĂ©rĂ©e (± 2.6 MJ/kg d’Ă©thanol).

Les levures produisent aussi :
– des composĂ©s secondaires : alcools supĂ©rieurs, glycĂ©rols (glycĂ©rine), acides…
– des substances aromatiques.
Les levures sont omniprĂ©sentes dans la nature, collĂ©es sur la peau des fruits, sur le matĂ©riel utilisĂ©, dans les maisons…
Les plus communĂ©ment employĂ©es pour produire l’Ă©thanol font partie du genre Saccharomyces, Ă©levĂ©es pour donner une fermentation uniforme, rapide, un haut rendement en Ă©thanol et tolĂ©rer un grand Ă©ventail de tempĂ©ratures, de niveaux de pH et un taux d’alcool Ă©levĂ©.

La fermentation alcoolique ne peut se produire que sous certaines conditions :
Température : trop froid (10°C), le processus est trÚs ralenti voire incomplet.
Trop chaud (32 – 36 ° C), les levures meurent, le milieu devient inapte Ă  leur survie.
Bien que la fermentation soit un phĂ©nomĂšne anaĂ©robie, les levures ont besoin d’oxygĂšne pour se multiplier, surtout au dĂ©but du processus. Dans un cycle de fermentation normal, les levures utilisent de l’oxygĂšne au dĂ©part, et continuent Ă  vivre quand tout l’oxygĂšne est consommĂ©. C’est pendant la phase anaĂ©robique (sans oxygĂšne), que l’Ă©thanol est produit.
Plus exactement, en l’absence d’oxygĂšne dissout dans le moĂ»t, la levure continue Ă  respirer en convertissant l’oxygĂšne contenu dans le sucre, en continuant d’exhaler du dioxyde de carbone, et laissant ce qui reste de la molĂ©cule de sucre sous forme d’Ă©thanol. La levure ne consomme pas le sucre comme nourriture, mais bien les autres nutriments contenus dans le moĂ»t.

Le processus implique quatre phases distinctes de fermentation:
Une phase initiale “Ă  retardement”, pendant laquelle peu de choses semblent se produire, mais la levure s’adapte Ă  son nouvel environnement et commence Ă  croĂźtre.
La fermentation primaire dĂ©marre aprĂšs environ 30 minutes. La levure commence Ă  se reproduire rapidement dans l’environnement initialement aĂ©robique, la colonie se dĂ©veloppe et le nombre de cellules augmente de façon exponentielle. Du dioxyde de carbone est produit en grande quantitĂ©, faisant des bulles dans le moĂ»t. Alors que la fermentation suit son cours, les cellules de levure ont tendance Ă  s’agglomĂ©rer (floculation).
Ensuite, la fermentation secondaire dĂ©marre dans le milieu anaerobique ainsi gĂ©nĂ©rĂ© et les levures captent l’oxygĂšne des molĂ©cules de sucre pour Ă©viter l’asphyxie.
Durant chacune de ces phases, du dioxyde de carbone est produit en abondance, ce qui permet de garder des conditions anaĂ©robiques qui favorisent la production d’alcool ethylique. Il faut garder Ă  l’esprit que ce n’est pas l’intention des levures de produire de l’alcool, mais la nĂŽtre! Toute la levure essaie seulement de ne pas suffoquer! La levure n’est pas non plus trĂšs intĂ©ressĂ©e par le sucre, c’est nous qui exploitons sa capacitĂ© Ă  survivre et Ă  s’adapter Ă  ce milieu devenu hostile.
Enfin, vient une quatriĂšme phase dite stationnaire durant laquelle les nutriments commencent Ă  se faire rares et l’activitĂ© des levures diminue. La production de dioxyde de carbone diminue et les levures se dĂ©posent dans le fond du fermenteur.
L’activitĂ©, et donc l’efficacitĂ©, de la levure dĂ©pend de la concentration de sucre dans le moĂ»t, de la tempĂ©rature d’inoculation, et des nutriments prĂ©sents. Dans des conditions optimales, une cellule de levure est capable de dĂ©composer sa propre masse de sucre (ie environ 200 millions de millions de molĂ©cules) en alcool et dioxyde de carbone.
La levure produit 33 fois plus d’alcool lors de la phase de reproduction qu’au repos.
Une fois les nutriments Ă©puisĂ©s et que la fermentation semble en stand by, il est en gĂ©nĂ©ral trop tard pour ajouter des nutriments ou de nouveaux ferments. Si cela arrive au dĂ©but de la fermentation, il y a un problĂšme! Si la levure est privĂ©e de nutriments, elle se dĂ©veloppe autant qu’elle peut avec ce qui est Ă  sa disposition, puis cette croissance s’arrĂȘte.
Il est donc essentiel d’avoir une quantitĂ© suffisante de nutriments dans le moĂ»t de dĂ©part.

La distillation

Le procĂ©dĂ© de distillation utilise la diffĂ©rence de tempĂ©rature d’Ă©bullition entre les liquides Ă  sĂ©parer. Pendant qu’un liquide s’Ă©vapore, l’autre n’atteint pas sa tempĂ©rature d’Ă©vaporation et reste liquide. La vapeur ainsi produite peut ĂȘtre condensĂ©e pour donner le distillat ou fraction lĂ©gĂšre, et la substance restante est appelĂ©e le rĂ©sidu ou fraction lourde.

Un moĂ»t, une biĂšre, un vin
 contiennent bien d’autres choses que de l’alcool, notamment de l’eau, divers alcools autres que l’éthanol, des acides, sels minĂ©raux
etc.
Chacun de ces composants a une tempĂ©rature d’ébullition qui lui est propre. En distillant, on sĂ©pare en fait tous ces produits en contrĂŽlant la tempĂ©rature de l’alambic. Notre but est bien sĂ»r de collecter l’éthanol (l’alcool buvable) et de jeter le reste ou le laisser dans le chaudron.

Voici quelques composants et leur tempĂ©rature d’ébullition :
‱ AcĂ©tone ➯ 56.5°C
‱ MĂ©thanol ➯ 64°C
‱ Ethyl acĂ©tate ➯ 77.1°C
‱ Ethanol ➯ 78°C
‱ 2-Propanol ➯ 82°C
‱ 1-Propanol ➯ 97°C
‱ Eau ➯ 100°C
‱ Butanol ➯ 116C
‱ Furfural ➯ 161°C

Remarquez que la t° d’Ă©bullition peut varier en fonction de l’altitude de l’endroit oĂč vous vous trouvez : plus on monte, plus les t° d’Ă©bullition sont basses.
Heureusement, chaque composant « domine » Ă  sa tempĂ©rature d’ébullition, on peut donc savoir quel produit on rĂ©colte en contrĂŽlant la tempĂ©rature de la vapeur. D’autre part, si vous faites une « bonne chauffe », c’est-Ă -dire lente et rĂ©guliĂšre, l’alambic se stabilise un certain temps Ă  chaque « Ă©tage » de tempĂ©rature. Par exemple, lors de la collecte de l’éthanol, la tempĂ©rature reste ± stable (78-82°C).
Il convient, aprĂšs la phase de montĂ©e en tempĂ©rature, en dĂ©but de distillation, d’« Ă©quilibrer » l’alambic : c’est-Ă -dire de laisser la T° se stabiliser un moment Ă  un certain niveau (p.ex. 65°C). Cela se fait en « jouant » avec la source de chaleur ou avec le refroidissement de la colonne (de la colonne
 pas du condensateur), s’il s’agit d’un alambic Ă  colonne (reflux still). Si ça paraĂźt compliquĂ© Ă  la lecture, c’est en fait assez facile dans la rĂ©alitĂ© ! AprĂšs cet Ă©quilibrage, le contrĂŽle de la T° devient un jeu d’enfant.
Attention le contrĂŽle de la T° ne suffit pas car elle peut varier en fonction de chaque alambic, de la hauteur et de l’isolation de la colonne, de l’emplacement du thermomĂštre
 La mesure du taux d’alcool (avec l’alcoomĂštre) et enfin l’odorat ( !) seront de prĂ©cieux alliĂ©s pour dĂ©terminer ce qui est bon et ce qui ne l’est pas.
Tout ce qui sort de l’alambic n’est pas bon!!! Il faut Ă©liminer ce qui vient en premier (les tĂȘtes) et ce qui vient en dernier (les queues).
La tĂȘte:
Une fois l’alambic Ă  tempĂ©rature (± 65 Ă  70°C) et que le liquide (l’alcool) commence Ă  couler goutte Ă  goutte, on constatera que le taux d’alcool est Ă©levĂ© (plus de 90% vol.) et que ça sent le solvant (la colle Scotch), ça, c’est pas bon ! Il faut prĂ©lever les premiers 50 ml par 10 l de moĂ»t. Si le distillat contient du mĂ©thanol, il est dans cette « tĂȘte de coulĂ©e ». A jeter, ou Ă  garder pour le rĂ©chaud Ă  fondue.

Le “bon” distillat:
AprĂšs la collecte de la tĂȘte, la tempĂ©rature augmente de façon significative, jusque environ 78°C. Ce qui commence Ă  couler Ă  ce moment est l’Ă©thanol, c’est-Ă -dire le but recherchĂ©… Il faut veiller Ă  ne pas chauffer trop fort ni trop vite, le bon dĂ©bit serait un goutte Ă  goutte rapide. On peut espĂ©rer collecter environ 1l d’alcool Ă  40% par kg de sucre utilisĂ© dans le moĂ»t, mais ceci n’est pas un principe infaillible (cela dĂ©pend du taux d’alcool dans le moĂ»t et donc de la fermentation). Le taux d’alcool du produit qui sort de l’alambic dĂ©pend aussi du type d’alambic que l’on utilise. Le taux d’alcool est en gĂ©nĂ©ral plus Ă©levĂ© en dĂ©but de distillation et dĂ©croit au fur et Ă  mesure que la distillation se passe.

La queue:
On arrĂȘtera de collecter le distillat une fois que l’on remarquera qu’il contient des « fusel oils » ou quand la tempĂ©rature dĂ©passe environ 94°C (ce n’est ni toxique, ni dangereux, ça a simplement une odeur et un goĂ»t trĂšs mauvais).
Les fusels oils sont des substances trĂšs aromatiques au goĂ»t plutĂŽt mauvais que l’on perçoit quand le taux d’alcool tombe en dessous d’environ 40% vol. Ces « alcools de queue » peuvent ĂȘtre redistillĂ©s avec votre prochaine passe (gardez 0,5 Ă  1 l par 20 l de moĂ»t).

Si on collecte le distillat par petites portions (250 ml par 250 ml), on pourra sĂ©parer facilement l’alcool buvable des alcools de queue, qui ne « pollueront » pas toute la production. Renifler, goĂ»ter, mesurer le taux d’alcool
 On distingue trĂšs vite la diffĂ©rence et on perçoit le moment oĂč commence la « queue ».

Le taux d’alcool se mesure de la maniùre la plus facile avec un alcoomùtre.
Un litre d’alcool titrant 40% ABV (Alcohol By Volume) contient donc 600 ml d’eau et 400 ml d’Ă©thanol.

La Finition

C’est une Ă©tape trĂšs importante ! En effet c’est ici qu’on dĂ©finit le goĂ»t de l’alcool car ce qui sort de l’alambic est incolore et n’a pas le goĂ»t du produit recherchĂ©…
La finition pourra comporter plusieurs Ă©tapes :
– la filtration
– la dilution
– le vieillissement
– l’aromatisation

Dans le cas de la vodka, soit on garde le distillat obtenu qui convient parfaitement soit si le ° d’alcool n’est pas aux alentours des 40°, on peut diluer avec de l’eau distillĂ©e et dĂ©minĂ©ralisĂ©e.

Ensuite on filtre sur des filtres à charbon de bois (le plus prisé étant celui de pommier).
L’alcool est purifiĂ© avec du charbon actif pour enlever les fusel oils qui ont une mauvaise odeur. Ne soyez pas radin avec la purification. Il vaut mieux faire un produit de qualitĂ©.
On peut effectuer la purification en 2 Ă©tapes :
D’abord, on mĂ©lange du charbon actif Ă  l’alcool, on le laissera quelques heures Ă  quelques semaines, en agitant aussi souvent que possible. La durĂ©e dĂ©pend du rĂ©sultat final souhaitĂ© : alcool neutre, sans goĂ»t, ou alcool ayant “un certain goĂ»t”.
Une fois terminĂ©e cette Ă©tape, on filtre l’alcool une seconde fois dans un filtre de type « tube ». Souvent, la deuxiĂšme Ă©tape est superflue, la premiĂšre suffit.
Vous pouvez purifier un produit tellement bien qu’il est de mĂȘme qualitĂ© que les meilleures vodkas.
La purification avec du charbon actif est faite en versant l’alcool dans un tube rempli de charbon actif. L’alcool coule Ă  travers et au fond, il est pur; c’est aussi simple que cela. Si l’alcool est trĂšs pur au dĂ©part, trĂšs peu de charbon actif est nĂ©cessaire. Utilisez du charbon actif de qualitĂ©. Du charbon avec une granulation de 0.4 mm – 0.85 mm est gĂ©nĂ©ralement meilleur que du 0.4 – 1.2 mm.
La meilleure mĂ©thode pour purifier est d’utiliser un purificateur qui peut ĂȘtre trouvĂ© dans les boutiques de micro brasserie (brasserie maison). Il est composĂ© d’un tube de 1.5 m de long avec un entonnoir de 10 litres au dessus. Le tube est rempli avec du charbon actif, et aprĂšs avoir rempli l’entonnoir de 10 l avec l’alcool distillĂ©, celui-ci passe doucement Ă  travers le charbon (environ une goutte / seconde). Un tube de 0.5 mĂštre est suffisant si vous choisissez une bonne qualitĂ© de carbone et si vous le rincez avec de l’eau.
Toutes les marques de carbone sont faiblement lavĂ©s Ă  l’usine, donc versez 3-5 litres d’eau chaude Ă  travers le charbon actif avant de purifier l’alcool de telle façon de rincer les sels indĂ©sirables dans le charbon. Sa capacitĂ© de nettoyage est augmentĂ©e s’il est dĂ©jĂ  mouillĂ©.Attendez une heure ou de prĂ©fĂ©rence 24 heures aprĂšs lavage et ensuite repassez deux litres d’eau chaude. Ensuite il ne vous reste plus qu’à verser l’alcool au sommet. Jetez l’eau qui arrive en premier. Purifiez lentement! Si vous donnez au carbone beaucoup de temps, il purifiera mieux.

La vodka ne subit aucun vieillissement.
On peut rajouter des arĂŽmes.

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